mercredi 23 octobre 2019

La lame

publié le 29 mai 2019 aux Editions Metropolis, 512 p., 21 euros, 24x 16 cm, 21 euros

Dans une France proche et obscure à la cité de La Solidarité, quartiers nord de Marseille : l'officier de PJ Simon Mardikian découvre le cadavre ravagé d'une jeune prostituée noire, Joy, alias Queen, sans identité définie. Son enquête sur les réseaux mêlant drogues, migrants et traite d'êtres humains ne fait que commencer. 
Le lendemain, à Lagos, capitale du Nigéria, dans le bidonville flottant de Makoko, l'instituteur Sékou Williams tient tête au dealer Kaza qui cherche à recruter des revendeurs parmi ses élèves. Mais soudain s'abat une immense vague-submersion, dispersant des milliers de réfugiés à travers le continent africain. 
Au même moment, à l'Élysée, le président de la République Bako Jackson annonce sa candidature à sa propre réélection. Il en profite pour dévoiler le renforcement du dispositif Frontex. C'est sa fermeté sur les questions migratoires qui a valu à ce fils de pasteur nigérian de ravir le pouvoir à l'extrême droite en 2027. À peine a-t-il achevé son allocution qu'on lui annonce la catastrophe climatique de Lagos. 
Ces trois histoires ne vont pas tarder à se rencontrer, d'une manière qui pourrait bien changer le monde. 
Ce qui va les réunir ? Une lame, rien qu'une lame, qui déjà déferle et emporte tout sur son passage... 

Basé sur les prospectives des plus éminents spécialistes des mouvements migratoires, La Lame vous propulse dans un thriller politique haletant où les lignes entre le réel et la fiction se brouillent jusqu'à devenir une seule et même piste.


La Chro de Flo 
La lame dès les premiers chapitres taille dans le vif : ça tabasse, ça fait mal, c’est saignant, violent. On pourrait se croire dans l’univers cher à Mattias Köping (un très  bon point) : le meurtre particulièrement sordide d'une prostituée sans identité, de sombres histoires de traite des femmes, de drogue, de dealers dans une cité marseillaise,  la Soli (son surnom, car le nom complet,  La Solidarité est bien mal choisi) mais très vite l'auteur va orienter son thriller autrement.

Frédéric Mars nous invite à un « drôle » de voyage : en premier lieu, un voyage dans le temps, puisque  le roman débute en octobre 2031. 2022, écrit Emmanuel Macron. Après la victoire du parti d’extrême droite, La France aux Français, et la gouvernance calamiteuse de sa représentante, Laurence Varenne, le nouveau président français élu en 2027 est un homme noir, de souche africaine : Bako Johnson. Dernière ligne droite avant les prochaines élections : autant le dire, cette période est un chaudron bouillant où les décisions pèsent lourd dans la balance électorale et la période propice aux attaques.
2031, c’est demain. Et les références à notre actualité sont bien présentes : le président actuel, Emmanuel Macron, l’extrême gauche avec Jean-Luc Mélenchon, etc. Vous entendrez même parler des gilets jaunes et pas seulement. Et avec un peu d’imagination, si peu, on imagine très bien que cette France de demain n’est pas de la science-fiction mais une très légère anticipation.
Voyage disais-je. Nous allons aussi voir du pays. L’échiquier sur lequel Frédéric Mars nous propose de jouer ne se limite pas à notre pays, c’est l’échiquier mondial qui est convoqué et plus particulièrement le continent africain, avec le Nigéria et sa capitale Lagos, ville qui peut hélas revendiquer sa place de capitale de la misère. Lagos, si vous avez regardé les actualités récemment, a fait parler d’elle avec le démantèlement d’une « usine à bébés » dans laquelle des femmes étaient retenues jusqu’à l’accouchement et leurs  nourrissons monnayés. 
En 2031, Lagos est toujours une capitale où la pauvreté règne en maître avec son corollaire, les trafics en tous genres, dès le plus jeune âge. Dans cet environnement hostile, Sékou Williams, jeune instituteur tente d’éduquer les enfants qui lui sont confiés. Sa vie et celle de sa famille vont se retrouver totalement chamboulées par une déferlante venue de l’océan, provoquant de nombreuses victimes et des milliers de personnes sans abri.
Cette lame va avoir des répercussions qui vont très vite dépasser les limites tant géographiques que politiques de nos principaux protagonistes.
La lame, comme le montre la magnifique couverture du livre est aussi celle d’un couteau, qui peut menacer, trancher, tuer. Cette lame-là viendra ponctuer les histoires d’hommes, de femmes d’enfants qui vont s’entrecroiser.
500 et quelques pages, 77 chapitres courts, une construction ambitieuse, complexe mais qui ne perd jamais le lecteur et un final de haut vol, voilà ce que vous trouverez en lisant ce thriller plus que brillant.
J’ai particulièrement aimé le volet géopolitique de ce roman ainsi que les nombreux thèmes abordés ; qu’ils renvoient au côté obscur de l’être humain comme à sa face lumineuse et porteuse d’espoir : la trahison, la vengeance, la haine, la quête du pouvoir et donc aussi la force des promesses, l’engagement, l’amitié, l’amour, la famille.
Ce roman possède un souffle incroyable, il vous fera frémir, vous touchera et plus que tout, il vous fera réfléchir à la direction que pourrait prendre ce drôle de paquebot sur lequel nous sommes tous embarqués.

L'auteur


Saint-Maur en Poche - Juin 2019
Après plusieurs années passées dans la presse magazine et diverses rédactions online, Frédéric Mars a quitté le journalisme et la photo pour ne se consacrer qu'à son travail d'auteur de livres.
Outre ses romans, il a publié plus d'une quarantaine d'essais, documents et livres illustrés, sous diverses identités. 
Il est l'auteur du thriller Les marcheurs, sorti en 2018 à La Mécanique générale.
Ainsi, depuis 2018, Quanaaq, sa série islandaise publiée chez La Martinière cartonne, sous le pseudonyme de Mo Malø.
C'est également lui qui se cache derrière le pseudo féminin d'Emma Mars, avec dernièrement la série romance Sign of Love, aux éditions French Pulp.
En résumé, Frédéric Mars est un auteur touche à tout, prêt à explorer de multiples univers.

mardi 15 octobre 2019

L’inconnue de l’équation






de Xavier Massé paru le 16/05/2019 aux Editions Taurnada, Collection Le tourbillon des mots, 9,90 euros (234 p.)
Quatre heures. La police n'a que quatre heures pour démêler ce qui ne semblait être au départ qu'un simple drame familial : un couple, Juliette et François, retrouvé carbonisé, leur fils, Julien, gisant au sol.
Deux salles d'interrogatoires, deux témoins de la tragédie : la mère de François et une flic déjà présente sur les lieux. Deux versions, deux visions différentes.
Accident, meurtre, ou vengeance ?
Une toile d'araignée va se tisser peu à peu et d'une simple énigme va surgir une équation… aux multiples inconnues.



La chro de Flo 

L’inconnue de l’équation est un livre habile qui se lit vite et bien !! 

Juliette et François sont morts sous les yeux d’Amandine Binger, policière arrivée sur les lieux. Julien, le fils est en soins intensifs. Mireille, la grand-mère n’a pu rejoindre la maison de son fils à temps mais recevait les confidences de ce dernier.

Comment et pourquoi un couple uni en est arrivé à se déchirer ainsi ?
Xavier Massé a su élaborer une histoire très prenante grâce à des chapitres courts, qui alternent les questions posées lors des gardes à vue des deux personnes qui détiennent peut-être la vérité sur le drame qui a frappé la famille Conut.  Migue, policier expérimenté lance à son équipe l’idée d’interroger séparément ces deux femmes qui ignorent chacune la présence de l’autre. À partir de cet instant, le lecteur est pris en tenaille et vous vous doutez bien que les rebondissements, les voies de garage, vous allez en rencontrez en suivant les auditions menées par les policiers Migue et Dida en tête, aidés par Brossard. Tous les trois vont s’employer à traquer la vérité.

J’ai eu un plaisir énorme à entrer dans le jeu concocté par Xavier Massé malgré quelques petites imperfections au niveau du style et des situations ou appellations qui ne sont plus appropriées dans le milieu policier mais j’en suis ressortie avec un regard très positif car il s’agit de son deuxième roman.

Je suis convaincue que Xavier Massé a une gros potentiel et qu’il va nous surprendre avec un prochain romain où fond et forme seront au top !





lundi 7 octobre 2019

L'important n'est pas la chute

Ce week-end est paru sur Collectif Polar : Chronique de nuit, mon avis de lecture pour

L'important n'est pas la chute de Guillaume Ramezi, paru aux Editions French Pulp en mars 2019.



Une lecture particulièrement agréable, avec la chronique complète, extrait, bio de l'auteur en suivant le lien ci-après :



Salon L'escargot Noir, à Sens, Mai 2019 - Avec Guillaume Ramezi à gauche et Laurent Malot à Droite sur la photo



J’ai croisé Guillaume Ramezi une première fois à Nemours puis à Sens (voir photo ci-dessus) et je me suis tout de suite sentie attirée par son deuxième roman.

Camille Lambert et son équipe (Romans, Bourdieu et Malika) sont appelés un dimanche matin pour rejoindre un petit aérodrome de l’Oise.

Un accident a eu lieu : Thomas Laverne, riche chef d’entreprise a sauté en parachute mais celui-ci ne s’est pas ouvert correctement. Thomas Laverne a été emmené à l’hôpital, dans un état très grave. L’homme qui partageait l’avion de saut a disparu. C’est Claire Laverne, l’épouse de la victime qui a souhaité confier l’enquête à la jeune capitaine, cette dernière ayant mené l’enquête sur la disparition d’Héloïse, l’une des deux filles du couple, quelques années plus tôt.

Je ne vous cacherai pas que l’accident n’en est pas un et que la recherche de la vérité ne sera pas si évidente.

L’écriture de Guillaume Ramezi est très agréable, fluide et oscille entre noirceur et légèreté avec ses clins d’œil à d’autres auteurs.

J’ai donc passé un très bon moment de lecture et me garderai bien de dévoiler les thématiques traitées par l’auteur, au risque de déflorer tout l’intérêt de l’intrigue.

Pour en savoir plus, il vous faudra donc le lire vous aussi.