mercredi 6 novembre 2019

La trahison des Jacobins de Jean-Christophe PORTES



publié le 10 octobre 2019 aux Editions City, 400 p., 24x 16 cm

Été 1792. Alors que l’armée austro-prussienne menace Paris, le lieutenant Victor Dauterive se préoccupe surtout de la disparition de Joseph, son petit serviteur. Le garçon a été enlevé et a sans doute disparu dans l’enfer de Bicêtre, la prison des fous, des voleurs et des enfants…

Mais une autre mission l’éloigne de ses recherches lorsqu’un policier, qui s’intéressait à une affaire de corruption dans l’entourage de Danton, est retrouvé assassiné. Ce n’est que le premier d’une série de meurtres qui continue avec celui de la femme de chambre de Marie-Antoinette et qui laisse présager le pire.

Entre trahisons, complots et espionnage, Dauterive va devoir mener une nouvelle enquête à haut risque. À l’heure où se prépare l’invasion des Tuileries, il va devoir choisir son camp… et tenter de survivre


La Chro de Flo 


La trahison des Jacobins est la cinquième enquête de Victor Dauterive, personnage fictif créé par Jean-Christophe Portes et formidable jeune lieutenant de gendarmerie qui nous permet de découvrir les dessous des années pleines de tumulte qui suivirent la Révolution française.

Victore Dauterive est maintenant âgé de 20 ans. La Fayette qui a joué un rôle important dans sa vie et dans les premiers volumes est absent de celui-ci. Victor Dauterive est sollicité par Charpier un personnage influent, ancien graveur, devenu commissaire et récemment député membre du Comité de surveillance de l’Assemblée nationale pour enquêter sur la mort de Bachelu, un policier, survenue aux Bains poitevins, une péniche amarrée en bord de Seine.
Victor Dauterive s’est lancé en parallèle dans une autre recherche, beaucoup plus personnelle, celle de Joseph, son jeune serviteur, blessé par Dossonville, juge de paix, ami de Danton, membre des Cordeliers et ennemi de Victor. Joseph a été emmené à Bicêtre, lieu qui accueille tous les individus, mineurs comme majeurs, handicapés comme aliénés ou voleurs.
Victor Dauterive va devoir batailler ferme et devra recourir à l’aide de sa fidèle amie, Olympe de Gouges, pour que les portes de Bicêtre s’ouvrent et que la vérité se dévoile progressivement.

J’ai été tenu en haleine pendant toute cette nouvelle aventure qui débute un mardi 10 juillet 1792 et s’achève le 26 août de la même année. Victor Dauterive est jeune, impulsif, sensible mais aussi courageux et intuitif. Il est profondément attachant tout comme le sont les personnages principaux qui l’aident dans ses enquêtes, qu’ils aient vraiment existé ou soient fictifs : formidable Olympe de Gouges, femme qui n’a de cesse de faire bouger les lignes d’une société éminemment phallocrate, en n’hésitant pas à prendre la parole au milieu des tribunes masculines pour revendiquer des droits aux femmes de voter, de divorcer, etc.
Formidable Duperrier, homme plein de sagesse et formidable cuisinier, auprès duquel Victor Dauterive trouve conseils et réconfort.
Vous rencontrerez ou entendrez parler de Fragonard, Marat, Camille Desmoulins, Restif de la Bretonne, Robespierre et Danton bien sûr, et d’autres encore.

Mais surtout dans ce roman, deux noms ont raisonné plus particulièrement à mes oreilles, il s’agit de La Salpétrière et de Bicêtre, qui sont pour les Parisiens des établissements de santé emblématiques. Leur histoire est bien plus complexe et leur rôle se révèle bien ambigu, puisqu’ils ont tout d’abord permis de retirer des rues et des maisons de Paris les individus, enfants comme adultes dont personne ne souhaitait s’encombrer sans pour autant s’acquitter d’une mission de soins.
Jean-Christophe Portes aborde également des thèmes plus durs, comme ceux de l’enlèvement des enfants à des fins de prostitution enfantine ou de filière pédo-pornographique.
La découverte des méthodes d’hygiène en vigueur à cette époque (toilette à sec, bains poitevins, maisons de bain) m’a particulièrement intéressée et l’auteur nous livre de façon très réaliste le quotidien des personnes de l’époque, que cela soit en matière d’alimentation (on boit du vin à toute heure, l’eau s’avérant sans doute plus néfaste pour la santé !) que d’habitat et de tenues vestimentaires. 

Les dessous politiques sont particulièrement captivants et montrent à quel point les années qui suivirent la Révolution Française ont été de véritables moments où se sont livrées des joutes politiques qui furent à l’origine des plus grands bouleversements de l’Histoire de France moderne.

N’oubliez enfin surtout pas de lire les 12 pages de notes réalisées par l’auteur. Elles vous donneront des informations passionnantes sur les recherches effectuées par Jean-Christophe Portes pour cette période historique. Elles vous conforteront dans la conviction que l’auteur a fait un travail de recherche mais aussi de rédaction romanesque absolument exemplaire, nous livrant un tout d’une grande richesse narrative, entre roman policier, roman d’aventure, fresque historique, politique et sociétale !

L'auteur





Né en 1966 à Rueil-Malmaison, Jean-Christophe Portes entame des études à l'Ecole Nationale de Arts Décoratifs, avant de se tourner vers le journalisme. Il a réalisé une trentaine de documentaires d'investigation, de société ou d'histoire pour les principales chaînes de télévision, avant de poser son sac et de se lancer dans l'écriture.
Lancées en 2015, les « Enquêtes de Victor Dauterive » connaissent un succès grandissant. Elles mettent en scène un jeune officier de gendarmerie sous la Révolution. La série compte aujourd'hui cinq épisodes : L'affaire des corps sans tête, L'affaire de l'homme à l'escarpin (prix polar Saint-Maur en poche 2018), La disparue de Saint-Maur, L'espion des Tuileries, et bien sûr ce tout nouvel opus, La trahison des Jacobins.
Cette plongée dans la Révolution française renouvelle les codes du genre alliant le thriller, la tragédie historique minutieusement reconstituée, et l’évolution personnelle du héros et de son entourage. Elle mêle les personnages de fiction et historiques dans cette période encore peu exploitée par la fiction sur la durée.