samedi 14 septembre 2019

Dans la toile de Vincent Hauuy


Dans la toile de Vincent Hauuy, paru le 29/04/2019 aux Editions Hugo Thriller,  19,95 euros (395 p.)
Isabel Gros est une miraculée. Seule survivante d'une fusillade, elle a passé deux semaines dans le coma. Contrainte d'abandonner sa carrière de critique d'art et ne supportant plus la vie citadine, elle quitte Paris avec son mari, pour s'installer dans leur nouveau chalet, au cœur des Vosges. Souffrant de graves séquelles, Isabel pense se reconstruire grâce à la peinture. Mais le malaise qu'elle ressent dès son arrivée va rapidement se transformer en terreur.
" Un vrai talent d'écriture. " Michel Bussi



Les Chro de Flo : un thriller à s'en lécher les babines 😍 !

Un thriller dévoré en moins de 3 jours … la faute à l’auteur, qui sait jouer avec ses lecteurs et les obliger malgré l’heure tardive à lire encore un chapitre, puis un autre ….
Vincent Hauuy a tissé une toile complexe à souhait dans laquelle je me suis empêtrée et c’est jubilatoire. Et quelle ambiance !
Je connais la Lorraine mais peu les Vosges et pour le coup, la fan de verdure et de tranquillité que je suis confirme qu’elle fuira un lieu comme Plainfaing. C’est pourtant dans un hameau isolé, perdu dans la forêt qu’Isabelle Gros va tenter de se reconstruire suite à la fusillade dont elle a été l’une des seules rescapées mais qui lui a laissé de fortes séquelles psychologiques. Franck, son mari médecin est là pour l’épauler mais rapidement Isabelle se sent mal dans ce chalet où les heures s’égrènent lentement et où ses angoisses remontent …Nous allons la suivre dans ses moindres faits et gestes, ses pensées, de nuit comme de jour, ses questions, ses craintes, ses angoisses, … Vincent Hauuy écrit avec une précision chirurgicale et nous décrit avec des mots toujours choisis à bon escient chaque sensation, chaque pensée d’Isabelle. J’ai eu peur pour elle, mais surtout j’ai eu peur comme elle, car ses sensations physiques si destructrices, et bien, elles me parlent.
La tension monte progressivement mais sûrement et dans le dernier tiers, le scénario devient plus complexe, subtil et là, impossible de lâcher le livre !


Impossible d’en dire plus mais Vincent Hauuy nous montre avec brio qu’il est un formidable conteur, capable de construire une fin vraiment réussie. Bravo !


L’auteur

Vincent Hauuy est un concepteur de jeux vidéo, romancier et scénariste.



Il est titulaire d'un master en information et communication à l'Université de Metz en 2000.

Le tricycle rouge, son premier roman, a obtenu le Prix VSD-RTL du meilleur thriller français 2017. Il récidive avec une nouvelle enquête, Le brasier, publié en 2018.


Vincent Hauuy a vécu avec sa famille à Montréal, au Québec, où il a travaillé dans le monde du jeux vidéo, de 2012 à 2018. Il vit maintenant au Portugal.

Extrait :
"Et encore, un camion de déménagement doit venir nous livrer de nouveaux meubles - un canapé d’angle et une table ovale en chêne massif pour le salon - commandés quelques jours avant notre départ.

Ce désordre ne me dérange pas. Bien au contraire. 

Une partie de moi  aimerait que la maison reste ainsi, coincée dans cet état intermédiaire, une stase entre deux vies, avant que le mobilier ne se place, que les pièces ne se vident et que les grands volumes ne m’écrasent.

J’ai peur qu’à l’angoisse de la solitude ne s’ajoute celle de la vacuité ; les deux mâchoires d’un même étau dont je subirai la pression constante ces prochains jours. D’ailleurs, je pense qu’une aide à domicile serait plus adéquate qu’une aide-soignante.

Je sors de la douche et je prends ma tension pour la deuxième fois de la matinée.

16/90. C’est trop haut. Elle a pourtant tendance à diminuer après une bonne douche.

Une quart d’heure plus tard, les cheveux encore humides et prisonniers d’une serviette en coton, je quitte la mezzanine qui domine le salon et, attirée par l’odeur du pain grillé émanant de la cuisine, je descends les escaliers qui forment un angle droit à mi-parcours.

Je fais glisser ma main sur la poutre verticale accotée à la rambarde ; un large morceau de bois brut fissuré sur sa longueur qui traverse les deux étages pour finir à l’apex de la toiture en triangle. La colonne est rejointe par deux autres linteaux horizontaux ornés de casseroles et poêles en cuivre. Un contraste supplémentaire dans cette maison dont la décoration est à la croisée du kitsch et de la modernité. Ici, les rondins vernis côtoient le métal brossé, les têtes d’animaux empaillés surplombent une cheminée dernier cri  qui trône au centre du salon. Et bien sûr, il y a les divers nains de jardin, équipés de brouettes, de pioches ou de haches. Une des premières horreurs que j’évacuerai de ma cour.

Je tente d’imaginer la famille qui vivait ici avant nous.

Franck m’a appris que le chalet avait été construit dans les années quatre-vingt par un jeune couple d’une vingtaine d’années. Ils y sont restés pas loin de trente ans avant de le mettre en vente. Je me demande à quelle date ils ont déménagé et pourquoi ils ont laissé autant de choses. Canapé-lit dans le salon, affaires de toilette dans la salle de bains. Dans la cuisine nous avons retrouvé casseroles, couverts et assiettes, ainsi qu’une batterie de couteaux incomplète - il en manquait un-, sans compter la nourriture dans le réfrigérateur. Leur départ doit être récent. Ils étaient sûrement pressés ?

Ils n’ont eu qu’une fille. D’ailleurs, je soupçonne que la chambre mansardée était la sienne ; certainement une ado, au vu de la décoration."


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